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Cry, baby, cry

Ces routes qui nous font perdre le nord et qui nous obligent à foncer. Celles qui ne figurent sur aucune carte et aucun itinéraire, celles qui s’inventent dans nos têtes et se matérialisent au fil des kilomètres. Ce sont ces chemins-là qui nous définissent entièrement et qui nous révèlent à notre vraie nature. Bien qu’ils soient le fruit du hasard ou de la malchance, la plupart du temps ce sont ceux qu’on rencontre à la croisée des âges. Ce sont les routes non définies qui finissent par tracer un nouveau sens à notre vie, elles font de nous les propres clandestins de notre histoire. J’admire les auteurs qui s’offrent la chance de recréer un second souffle à une œuvre et qui trouvent le courage de transposer leur propre vie dans celle imaginée par d’autres. Ce fût le cas du bouleversant Ma vie Rouge Kubrick de Simon Roy (comparaison inévitable, mille excuses) paru il y a quelques années. Mélanger réalité, fiction et enjeux sociaux relève du génie et j’éprouve énormément de respect pour quiconque tentant cette expérience …

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La triste histoire de la Corriveau

La légende raconte qu’elle aurait tué jusqu’à sept maris. Coup de hache, empoisonnement, plomb fondu dans l’oreille… L’histoire de la Corriveau a évolué à travers les siècles et les soirées de contes au bord du feu. Chaque conteur en rajoutait un peu afin de rendre son histoire plus croustillante. On alla même jusqu’à la décrire comme une sorcière. Il était grand temps que quelqu’un remette les pendules à l’heure. Monique Pariseau a réussi ce tour de force avec son roman La Fiancée du vent. Quand l’histoire prend vie J’ai vécu à travers les pages de ce livre le quotidien des habitants de la Nouvelle-France et la conquête britannique. Monique Pariseau ne se contente pas de nous dérouler une liste de noms, de lieux et de dates. Elle nous offre une immersion dans ce conflit qui a marqué notre passé et qui a fait de nous le peuple que nous sommes aujourd’hui. J’ai assimilé des informations qui ne m’étaient jamais rentrées dans la tête pendant mes cours au secondaire. J’ai d’ailleurs pris connaissance d’événements dont on évitait …

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La spirale de l’emploi qui paie bien

Subordonnée d’Isabelle Gaumont, c’est un roman qui raconte l’histoire de Simone Beaubien, une Montréalaise bien ordinaire. Ce dernier mot fait pourtant toute la différence. En effet, cette jeune femme dans la vingtaine expérimente une vie ordinaire. Elle occupe un emploi ordinaire, a une relation amoureuse ordinaire et répète une routine hebdomadaire des plus ordinaires. Dans toute cette banalité, elle n’est pas heureuse, car tous les aspects de sa vie sont bien médiocres. Quand les choses clochent Simone est une femme vaillante. Elle travaille à un rythme effréné, et surtout constant, en plus de cumuler les heures supplémentaires, afin d’être une employée modèle et de rapporter le plus d’argent possible à la compagnie pour laquelle elle travaille. Pourtant, personne ne lui reconnaît le moindre mérite. L’immeuble de bureaux où elle travaille est un lieu hostile où la compétition entre les employés et l’obsession des patrons pour les rendements rendent l’atmosphère très difficile à vivre. Les choses ne s’améliorent pas lorsqu’elle est à la maison. Les rares moments où elle peut prendre un peu de répit, elle les …

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À la quête du visage originel, avec Guillaume Morissette.

Lorsque j’ai reçu le dernier roman de Guillaume Morissette, Le visage originel, j’avais très hâte de le commencer, ayant adoré son premier roman, Nouvel onglet (dont Alexandra a déjà parlé ici). Je suis contente de vous dire que je n’ai pas été déçue par ce livre qui aborde une nouvelle fois la quête d’un jeune homme dont la vie est intrinsèquement liée à l’Internet, mais d’une manière tout à fait différente que dans son dernier roman. Daniel est un artiste de la génération post-Internet, ce qui veut dire, dans son cas, que le médium qu’il se plaît à exploiter est lié aux bogues et aux gifs animés. Comme beaucoup d’artistes, il peine à joindre les deux bouts et est constamment pris dans un dilemme opposant son art à l’idée d’un boulot alimentaire. Changer d’air, changer le mal de place? Par contre, Daniel manque d’inspiration depuis quelques mois, et passe plutôt ses journées à errer sans but sur le Web. Introverti, il trouve sa vie en ligne plus réconfortante que la socialisation réelle. Cela dit, sa …

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Le berger des loups, un premier roman fascinant et une mini-entrevue avec l’autrice

Le berger des loups est le premier roman de la jeune autrice Joelle Rivard, collaboratrice au Fil rouge. Il a vu le jour grâce à un projet d’autofinancement qui a connu du succès. L’autrice a commencé l’écriture de ce roman en 2003, soit vers la fin de son secondaire. C’était un moyen pour elle de fuir sa réalité alors qu’elle avait peur d’entrer dans le monde adulte. C’est un sentiment que j’ai pu ressentir au cours de ma lecture: fuir, avoir peur de devenir adulte, de découvrir son destin. Un univers «Tolkien» Joelle a su créer un monde à la Tolkien dans lequel j’ai retrouvé un monde d’hommes, d’elfes, de fées, de magiciens, etc. Un univers dans lequel j’adore me plonger! La littérature m’a toujours fait un grand bien, car je trouve que c’est un échappatoire idéal et elle me permet de faire aller mon imagination, de sortir un peu de ma réalité. Sachant que Joelle a écrit ce roman pour « fuir » sa réalité de future adulte, je comprends qu’elle ait choisi ce genre …

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Découvrir le Japon entre mère et fille

Le nouveau roman d’Alice Michaud-Lapointe est sorti en librairie et, comme toujours, je suis sous le charme de ce qu’elle écrit. L’autrice de Titre de transport et Villégiature tombe à nouveau dans mes cordes avec un récit de voyage sur le Japon. Néons et Sakuras est écrit à quatre mains par Alice Michaud-Lapointe et Ginette Michaud, mère et fille. Ce livre est publié aux éditions Héliotrope dans la série K. Celle-ci inclut des textes littéraires écrits à la périphérie du roman, comme le mentionne la maison d’édition sur leur site web. Bien que les deux femmes nous racontent une histoire, le livre donne l’impression du documentaire dans lequel on découvre le Japon sous deux regards très subjectifs. Rêve mère et fille Depuis plusieurs années, la mère et la fille partagent un rêve et décident de se rendre au Japon pour la fête de hanami, où la coutume traditionnelle se veut d’apprécier la beauté des cerisiers en fleurs. Arrivées au Japon, elles sont confrontées à de nouvelles habitudes auxquelles elles doivent rapidement s’habituer. Face à la nouveauté et sans …

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Un lien familial : une plongée au coeur de l’amour du 21e siècle

Il y a longtemps que les mots de Nadine Bismuth avaient franchi les portes des librairies. Après son dernier roman, Scrapbook, publié en 2014 qui nous faisait découvrir le milieu de l’édition et de la littérature, voilà que l’autrice replonge dans un nouvel univers complètement différent, celui du design intérieur. L’amour des temps modernes, sur fond d’îlot et de dosserets de cuisine. Bienvenue dans Un lien familial. Magalie est une designer de cuisine de 40 ans. Magalie sait que son conjoint la trompe avec une autre, mais elle prétend qu’elle n’en sait rien. Mieux, elle décide de le tromper en retour. Mais voilà que les choses évoluent et se gâtent.  L’homme avec qui elle choisit de tromper son mari est associé de sa firme, et conjoint de sa partenaire d’affaires. Elle risque gros à poursuivre les choses. Il y a également Guillaume, dont Magalie fait la rencontre au fil de l’intrigue. Policier et fils du nouvel amoureux de sa mère, celui-ci développe rapidement un désir ardent pour la designer et décide d’investir dans la rénovation de …

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Les fins heureuses, à découvrir !

Dans le cadre de la première séance du club de lecture de la Rive-Sud, édition automne 2018, notre choix de livre s’est arrêté sur Les fins heureuses, de Simon Brousseau. Cet auteur québécois en est à sa deuxième publication. Après Synapses, il nous revient cette fois-ci avec un recueil de nouvelles. Un univers bien unique Plusieurs thèmes sont abordés dans Les fins heureuses. Il n’y a pas nécessairement de liens à faire entre les différentes nouvelles. Il y en a pour tous les goûts! Que ce soit des jeunes jouant à Donjon et dragons, rappelant l’ambiance de l’émission Stranger Things diffusée sur Netflix, ou encore un couple étrange souhaitant faire l’acquisition d’une maison centenaire hors de prix, les personnages sont variés et ont tous un petit quelque chose d’extraordinaire. Le regard sur la vie y est tranchant et parfois sombre, voire carrément déprimant, mais on y perçoit toujours une petite lueur d’espoir, souvent sous forme d’humour noir. Personnellement, il s’agissait de ma première expérience avec un recueil de nouvelles et je répéterai sans doute l’expérience. Ce format est agréable, car …

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Créatures du hasard: donner la parole aux femmes

Ceux et celles qui me connaissent savent que je suis captivée par l’Amérique latine depuis des lustres. Ce n’est donc pas surprenant que Lula Carballo, autrice québécoise d’origine uruguayenne, ait piqué ma curiosité lorsque j’ai entendu parler de son premier roman, une oeuvre dédiée à sa grand-mère, où l’autrice retrace le quotidien de son enfance en Uruguay. Ce roman écrit en fragments m’a beaucoup plu. Si les origines de l’autrice nous incitent à croire que l’histoire se déroule en Uruguay, le récit est tellement universel par son authenticité que l’intrigue pourrait tout aussi bien se dérouler au Québec. Les morceaux de l’enfance de Lula se succèdent au fil des cent-cinquante pages du roman, et forment un casse-tête volontairement incomplet, où le.la lecteur.trice doit combler les trous par lui.elle-même. Le non-dit est aussi important ici que l’énoncé. L’histoire d’une famille contaminée par la dépendance au jeu Lula grandit au cœur d’une famille et d’un quartier très pauvres. Les habitants de sa rue brûlent leurs déchets à l’avant de leurs maisons et les coups de feu retentissent …

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Lire et acheter avec discernement

Il y a déjà un bon moment qu’une problématique bien précise déclenche en moi des questions morales auxquelles je tente de répondre de façon avisée. Or, malgré mes nombreuses discussions sur le sujet et les multiples divergences d’opinions sur celui-ci, je ne connais toujours pas mon propre point de vue sur la chose. Mon questionnement repose sur la distanciation entre l’auteur et son oeuvre. En d’autres termes, pouvons-nous détacher l’auteur ou l’artiste de sa création? Devons-nous continuer de consommer une oeuvre même si nous ne respectons pas l’artisan derrière le projet en raison de ses comportements ou de ses valeurs? En somme, devrions-nous continuer d’acheter le travail d’un créateur pour notre plaisir personnel en mettant de côté les débats éthiques ou faudrait-il plutôt cesser d’encourager l’oeuvre en la boycottant? Le mouvement #metoo, qui a d’abord vu le jour dans le monde cinématographique, aura grandement contribué à nourrir ma réflexion sur le propos. Cela dit, une situation spécifique au sein de l’univers littéraire est véritablement parvenue à ébranler mes convictions sur le sujet. Voici la courte …